Nul / et ras… / et risible… Lecture de Clown

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22 août 2022

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Camilla Gjørven et al., « Nul / et ras… / et risible… Lecture de Clown », ENS Éditions, ID : 10.4000/books.enseditions.20975


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Tôt attestée dans l’œuvre, la figure du clown est celle de la déconstruction. Son identité est encore largement à établir par le biais d’un travail héroïque d’allégement, opération où renverser les signes de l’appartenance sociale : la poésie est l’autre nom de la nudité. Chant de la déprise, Clown appelle à l’advenue à soi via cet exercice difficultueux où l’un doit trancher les liens qui le lient à l’univers – intériorisé ou non – des autres. Essentielle quête de liberté, se devenir (ou – c’est un même mot – se dédevenir) demande d’effacer l’image idéale renvoyée par les autres, alors rendue à sa nature d’illusion. Relayé par les sonorités en r, ce procès de tabula rasa – dont la volonté farouche est le poteau d’angle – permet de se désenliser. Payant son tribut à l’agir, la poésie, sport de combat, permet de se porter en avant. Elle ne passe pas seulement, elle passe outre, elle outrepasse. Le moi vaudra par sa capacité à intervenir dans le cours de sa vie. La menée d’exorcisme se lit à nu. Les affaires étrangères devenues affaires intérieures, l’envie d’ailleurs se résorbe en soif du dedans. Ce qui s’appréhendait en termes de superficialité se lit en une visée de profondeur passant par une salutaire auto-humiliation : clown c’est down. Par réduction, le rire fait abandonner les positions de survol. Se constituant comme tel dans ce travail, le sujet accède à soi. Moment de crise tout entier tendu vers le futur, laboratoire verbal à lui seul, et mise en cause des vertus du langage, Clown, à mesure que la litanie du rien l’envahit, marque la naissance d’un regard. Soutenu par la nécessaire paronomase risée-rosée, s’ouvre alors un espace salvateur : le poème est promesse de fraîcheur.

It rapidly becomes clear that the figure of the clown is that of deconstruction. Identity is largely still to be created, but only a heroic toil of destabilisation, the opération, can disrupt the indicators of social conformity: poetry is nudity under its other name. A song of letting go, Clown draws the newcomer towards himself in an exercise by which he must cut the ties that bind him to the universe of others, regardless of whether this universe has been interiorised or not. The essential quest for freedom, to become onself (or, it comes to the same thing, to reverse the becoming process) requires the erasure of the ideal image reflected by others, through the realization of its truly illusory nature. Reinforced by the phoneme r, this process of tabula rasa, of which an unyielding desire for the self is the corner post, is the only way to drag oneself out of the mire. Giving action its full worth, poetry as contact sport makes development possible. It doesn’t simply take you forward, it takes you beyond, its essence is the very process of going beyond itself. The self finds its worth in its potential to intervene in the course of a life. In Clown, the trail of the exorcism is laid bare with naked force. Foreign affairs are transposed to the interior, where desire gets reabsorbed in the thirst for the inside. Anything purporting to be superficial must be diverted through salutary self-abasement towards deep level interpretation: a clown must go down. Through a therapeutic process of reduction, Michaudian laughter forces first impressions to be relinquished. The subject that constitutes itself through this work, can attain itself as subject. A moment of crisis, a self-contained verbal laboratory critiquing the virtues of language, Clown, is stretched towards the future, and to the extent that it is invaded by the litany of nothing, marks the birth of a gaze as, through the paranomasia « risée / rosée », a space between tears of laughter and dew opens a potential salvation. The poem is a promise of freshness.

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