22 août 2022
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Margaret Jones-Davies, « La cruauté de Hamlet et le silence d’Harpocrate », ENS Éditions, ID : 10.4000/books.enseditions.21908
La lecture intertextuelle de Hamlet, de L’Homme aux rats de Freud et de l’Isis et Osiris de Plutarque permet une interprétation de la cruauté de Hamlet que la critique traditionnelle cherchait à justifier par des explications psychologiques arbitraires. Cette cruauté s’exprime dans le silence de ce que l’on pourrait appeler un « dumb show » où Hamlet révèle à Ophélie le premier secret du message d’outre-tombe. Le silence de Hamlet est celui du doute que crée en lui la parole du fantôme, doute qui se matérialisera dans son incapacité à agir mais surtout dans l’ambivalence de sa relation avec Ophélie qui perdra cette certitude de l’amour dont Freud analyse l’affinité avec la haine. L’incarnation en Hamlet de la parole douteuse du fantôme est métaphorique des théories gréco-égyptiennes sur la relation entre le langage et le corps. Le dieu du silence Harpocrate, dont la vie rappelle les mythes fondateurs de Hamlet, s’exprime par un langage imparfait qui lui déformait le corps. Ainsi le fantôme, Hamlet et Ophélie illustrent dans leurs métamorphoses le parcours douloureux de la naissance du langage.