L’homme et la brute au XVIIe siècle

Fiche du document

Date

10 février 2022

Discipline
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

OpenEdition Books

Organisation

OpenEdition

Licences

https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess




Citer ce document

Marine Bedon et al., « L’homme et la brute au XVIIe siècle », ENS Éditions, ID : 10.4000/books.enseditions.39867


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

On sera sans doute déçu si l’on cherche au XVIIe siècle les prémisses d’une éthique animale. Les « bêtes brutes », comme on les appelle alors, sont exclues de la sphère des obligations, et pas seulement par quelques cartésiens mécanistes. De nombreux auteurs soutiennent que les bêtes sentent, ou qu’elles ont une âme qui n’est pas trop différente de la nôtre, ou encore qu’elles sont dotées de raison, les prenant parfois même comme point de comparaison afin de rabaisser l’orgueil humain. Nombreux sont ceux qui s’indignent de la cruauté à leur égard, et d’autres vont jusqu’à leur reconnaître des droits. La diversité des positions, des représentations et des arguments coïncide donc assez rarement avec les accusations adressées de nos jours à l’âge classique. Tous ne sont pas cartésiens, et la « théorie » de l’animal-machine est peut-être un petit peu plus que l’effet d’un préjugé. Aucun pourtant n’envisage de lien éthique, moral ou juridique avec les bêtes. Paradoxalement, les plus affranchis de tout anthropocentrisme leur accordent des droits, mais affirment le plus radicalement l’absence de lien éthique avec les bêtes. Lire ces œuvres d’un autre âge à l’aune d’une question qu’elles ne pouvaient pas formuler permet d’inquiéter les évidences qui sont les nôtres, et d’y trouver des ressources pour poser et résoudre des problèmes qui n’étaient pas les leurs.

Anyone seeking the premise of animal ethics in the 17th century will undoubtedly be disappointed. “Brute beasts”, as they were then called, were excluded from the sphere of obligations, and not just by a few cartesian mechanics. A large number of authors maintained that animals feel or that they have a soul which is not that different from ours. Many were outraged at human cruelty towards them. Some claimed that they are endowed with reason, sometimes using them as a point of comparison in order to belittle human pride. They were even given rights. The diversity of positions, representations and arguments rarely coincides with the charges we lay against early modern philosophy today. Not all of these authors are Cartesians and the animal-machine theory is perhaps a little more than the effect of mere prejudice. None, however, envisage an ethical, moral or legal link with animals. Paradoxically, those most free from anthropocentrism grant them rights, but most radically claim the absence of any ethical link between men and animals. Reading these works from another age in the light of a question they could not formulate challenges what we consider self-evident today and provides us with resources to pose and solve problems that are ours, not theirs.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en