8 juin 2012
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Myriam Catusse et al., « Chapitre 1 - « Les choix de Jbeil » », Presses de l’Ifpo, ID : 10.4000/books.ifpo.2556
Ce chapitre porte sur la compétition électorale et les logiques du vote dans le caza de Jbeil, au nord de Beyrouth. Ce caza faisait partie des quelques circonscriptions considérées comme des clés du scrutin national : avec un électorat pluricommunautaire (près de 80 % des électeurs sont chrétiens, 20 % environ sont musulmans et principalement chiites), l’élection de trois députés, deux Maronites et un Chiite, y était ouverte. Deux questions de portée nationale en ont fait un poste d’observation privilégié. Elles s’y sont déclinées en termes de réorganisation de la notabilité locale : celle de la dispute autour du leadership chrétien (le général Aoun s’oppose à Jbeil non seulement à ses concurrents maronites les plus anciens, au premier chef desquels les Forces libanaises, mais aussi au président de la République Michel Sleimane originaire du caza) ; et celle du comportement de l’électorat chiite et de sa capacité à influencer l’issue de ce rapport de force. Trois listes s’y affrontèrent : celle du « 8 mars », celle du « 14 mars » et celle d’indépendants qui se réclamèrent du parrainage du Président de la République. Nous examinons d’abord comment les logiques partisanes et leurs ressources collectives ont été tout aussi déterminantes, sinon plus, que les logiques notabiliaires locales et leurs ressources personnelles. Les clivages partisans nationaux, qui ont évolué dans l’après‑guerre autour de solidarités et de clivage renouvelés, s’imposent comme des facteurs discriminants en dernier ressort lors de ce scrutin. Pour expliquer cela, nous envisageons dans un second temps les motivations de vote de l’électorat jbeiliote. Finalement, au-delà de la victoire de la liste du CPL, l’examen de ce scrutin révèle les transformations subreptices du leadership local, des carrières politiques et des manières de faire. La fin des notables n’a pas sonné à Jbeil, mais l’emprise des grandes familles locales s’avère loin d’être un élément primordial du « droit à représenter ».