7 septembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
H. Duchaufour et al., « Évaluation qualitative et quantitative de l’érodibilité de différentes unités paysagères représentatives du Burundi : de la parcelle au micro bassin », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.13976
Entre 1977 et 1995, la Coopération française a financé des travaux de recherche sur l'érosion des sols menés par une équipe de chercheurs franco-burundais de l’Institut des Sciensces Agronomiqques du Rudundi (ISABU). Cinq stations constituées de parcelles Wischmeier ont été implantées dans différentes situations agraires et paysagères représentatives du pays. Le suivi des expérimentations sur plusieurs années a démontré que tous les sols étudiés ont une bonne à très bonne résistance à l’érosion (K oscillant entre 0,003 et 0,15).Leur comportement vis-à-vis de l’érosion varie en fonction de leurs propriétés structurale, porale et physico-chimique : la détachabilité et le charriage des agrégats caractérisent plutôt les sols ferrallitiques argileux évoluant sur schiste du Mumirwa central (Crête Congo-Nil) alors qu’une dégradation chimique, structurale et porale par dilution progressive des matières organiques et transferts sélectifs des cations basiques (Ca2+) distingue les sols bruns eutrophes et sols en voie de ferrallitisation développés sur les séries volcanosédimentaires de la dépression orientale du Moso.En condition cultivée avec amendement organique, les phénomènes de lixiviation des cations basiques Ca2+ et de Mg2+ sont rapides et intenses en condition acide et significatifs d’une dégradation accélérée de la fertilité avec une désaturation du complexe absorbant et inversement, une augmentation de l’acidité et de l’aluminium échangeable. Dans le cas des sols argileux eutrophes du Moso, la mise en solution des nutriments des sols, proportionnellement plus importante que les sols férrallitiques, n’est inquiétante que sur le plan de la matière organique (de 15 à 30 % supérieur au sol en place) et plus encore du phosphore. Cette sélectivité agissant surtout sur les éléments fertiles du sol constitue une contrainte réelle pour maintenir leur productivité.Les résultats observés sur deux micro-bassins expérimentaux de 4 et 6,5 ha du Mumirwa central montrent que les pertes mesurées au champ (sur parcelles Wischmeier) sont infiniment supérieures avec des écarts de l’érosion entre les deux échelles, de 60 pour les pertes en terre et de 30 pour le ruissellement. Les études morpho-pédologique et hydrodynamique donnent une bonne explication des processus pédogénétiques et érosifs qui se manifestent dans ces systèmes : une forte disparité liée à la dense occupation du sol dans les zones les plus fertiles notamment dans la concavité des pentes occupées surtout par une bananeraie dense et la colocase. Cette disparité se traduit en i) un enrichissement à l’aval aux dépens d’un appauvrissement et d’une dégradation en amont et ii) une inversion des vitesse d’infiltration entre l’amont et l’aval en passant par un optimum à mi-parcours. Les variations topographiques et la diversité/densité du couvert biologique concourent ainsi concomittament sur le fonctionnement écosystémique des deux bassins versants en redistribuant les ruissellements, les éléments solides et les nutriments à l’intérieur même de leur périmètre.