8 octobre 2013
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Olivier Lyebi-Mandjek, « L’évolution des flux commerciaux à Maroua (1980-1994) », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.1688
Plate-forme de collecte et de redistribution des produits agricoles, halieutiques et industriels, la ville de Maroua revêt un rôle économique régional ancien. Quels effets la diversification des habitudes alimentaires induite par une forte migration peut-elle avoir sur les circuits traditionnels d’approvisionnement de la ville et sur l’organisation locale du commerce vivrier ? Cette étude repose sur une enquête menée en 1984 dans les deux principaux marchés de la ville. Les quantités des produits sélectionnés (poisson, natron, cola, mils et sorghos, agrumes, maraîchage et tubercules) y ont été estimées, les prix, les origines et destinations relevés. L’analyse des circuits d’approvisionnement distingue les flux locaux des céréales, fruits et oignons, dont l’origine à proximité de la ville définit un large « terroir » dans lequel les habitants produisent en partie le vivrier qu’ils consomment et revendent sur le marché. L’importance croissante des flux nationaux consécutive à l’amélioration des réseaux de communication et de la première dévaluation du naïra, concerne essentiellement les produits agro-alimentaires, alors que les produits alimentaires de complément (poisson, cola, sel et natron) suivent un flux est/ouest traditionnel, qui ne semble pas avoir évolué depuis le XIXe siècle. 43 % des produits commercialisés à Maroua sont ensuite exportés dans des centres secondaires proches. Il s’agit principalement des fruits et produits maraîchers. Une plus faible proportion est transformée sur place et exportée vers les provinces septentrionales. Entre 1983 et 1994, le désenclavement de la ville a favorisé la concurrence et contribué à la baisse des prix des denrées alimentaires, et le développement des centres de commercialisation secondaires. Tout en illustrant la désorganisation des circuits de commercialisation à l’échelle nationale, cette étude montre l’importance de l’axe de commercialisation historique entre le Bornou et les plaines inondables du Logone, et l’amoindrissement, au cours de cette période, du rôle économique régional de Maroua.