19 novembre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Dieter König, « Chapitre 46. Potentialité de l’agroforesterie pour la restauration de la productivité des sols ferrallitiques acides du Rwanda », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.24501
Depuis 1985, différents systèmes agroforestiers ont été testés en vue de l’amélioration de la productivité des sols sur le plateau central rwandais. Les études ont été menées sur un sol ferrallitique fortement dégradé, très acide (pH < 4) et pauvre en éléments nutritifs. La station est située sur un versant à une altitude de 1 700 m qui reçoit en moyenne 1 280 mm de pluies en deux saisons ; la température annuelle moyenne atteint 20 °C. Huit parcelles d’érosion ont été cultivées selon les méthodes de l’agriculture écologique agroforestière : intégration des arbres et des haies vives dans les parcelles, cultures associées, substitution de la jachère par l’emploi de légumineuses comme engrais verts, intégration de l’élevage dans le système de culture, recyclage de la biomasse et intégration des mesures de conservation de l’eau et des sols. Malgré une érosivité des pluies relativement faible (facteur R d’après Wischmeier et Smith autour de 350), on a constaté sur une pente de 28 % une érosion énorme sur les parcelles non protégées : E = 440 t/ha/an sur sol nu, avec un ruissellement de 15 % et 226 t/ha/an sous manioc avec un ruissellement de 9 %. Sous ces conditions, l’intégration des arbres et surtout des haies isohypses de Calliandra calothyrsus permet une réduction du ruissellement, de l’érosion et des pertes en matière organique et en éléments nutritifs, à un niveau tolérable (1-3 % des valeurs initiales). L’agroforesterie permet en outre une haute production de biomasse même sur des sites dégradés et une remontée importante de nutriments dans la litière. Des relevés dendrométriques sur 32 espèces d’arbres plantées en novembre 1985 montrent que les meilleurs résultats ont été obtenus avec les arbres autochtones Maesopsis eminii et Polyscias fulva. Si les arbres exotiques (ex. Grevillea robusta, Cedrela serrata) montrent une bonne croissance initiale, les espèces autochtones sont, à la longue, plus productives et concurrencent moins les cultures vivrières. L’agriculture agroforestière contribue non seulement à la conservation des sols, mais aussi à la séquestration du carbone (stockage de 10 à 20 tonnes de carbone par hectare dans la biomasse superficielle) et à son approvisionnement en matières organiques et en nutriments (N105 + P4 + K21). Néanmoins, les méthodes biologiques seules ne sont pas capables d’améliorer suffisamment la fertilité du sol sur des sites déjà fortement dégradés. Pour rétablir la fertilité de ces sols, un apport complémentaire en éléments nutritifs (surtout P et cations) est inévitable pour remplacer ceux qui ont été emportés par l’érosion, par lessivage et par exportation des produits agricoles pendant des décennies. L’article présente les effets positifs d’une application des cendres volcaniques et du travertin sur le rendement des cultures vivrières dans des systèmes agroforestiers.