26 mars 2014
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Marie Fleury, « Transmission des savoirs et modernité en Guyane française : les savoirs traditionnels sont-ils condamnés ? », IRD Éditions, ID : 10.4000/books.irdeditions.7216
Les Noirs marrons aluku (Boni), descendants d’esclaves échappés des plantations hollandaises au xviiie siècle, vivent actuellement le long du fleuve Maroni en Guyane française. Leur système thérapeutique, loin de s’inspirer du chamanisme des Amérindiens voisins, plonge ses racines en Afrique, et fait preuve d’une grande capacité de création, d’invention et d’adaptation à un nouveau contexte. Durant les deux siècles précédents, la pharmacopée s’est créée, enrichie et transmise de génération en génération. Mais, actuellement les Anciens montrent une certaine réticence à délivrer leurs connaissances, et les jeunes gens se plaignent de ne plus avoir accès au savoir traditionnel.Pour essayer de comprendre les raisons de cette évolution, nous commencerons par définir ce qu’est une pharmacopée dans le contexte traditionnel, et surtout à quel type de pouvoir elle donne accès. Nous comparerons le mode de transmission traditionnel avec celui du système scolaire occidental, et regarderons dans quelle mesure il y a compatibilité entre savoirs traditionnels et savoirs modernes. Enfin nous verrons que si les savoirs traditionnels sont condamnés, ce n’est pas tant dans leur contenu, que dans leur mode de création et de propagation. C’est le contexte socioculturel qui leur donne un sens, et la possibilité de s’exprimer ; si celui-ci est fragilisé, c’est dans leurs raisons d’être que les savoirs traditionnels sont menacés.