13 novembre 2015
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Yavuz Aykan, « Comment al-hajj Mehmet s’est-il approprié un terrain récupéré à la suite de la décrue du Tigre ? », Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, ID : 10.4000/books.iremam.3431
Cet article analyse le rôle des muftis provinciaux et de leurs fatwas dans la légitimation des pratiques administratives de l’État au XVIIIe siècle, en se focalisant sur Amid, la capitale de la province ottomane de Diyarbekir. L’article prend comme point de départ un procès devant le tribunal d’Amid, pour pénétrer dans un débat juridique qui oppose deux hommes revendiquant des droits sur un lopin de terre vacante (arz-ı mübâha) surgi suite à une décrue du Tigre. Bien que les pratiques administratives ottomanes, gouvernées par le kanun, garantissent la propriété éminente de l’état (rakaba) des terres vacantes, ces pratiques, cependant, devaient toujours être légitimées par le droit musulman (charia). Cet article montre la façon dont le mufti provincial aligne les pratiques de l’état avec la charia en formulant des opinions juridiques dans ce débat juridique particulier. Il s’interroge également sur la dualité qui est généralement établie, dans l’historiographie, entre la charia et le kanun en mettant l’accent sur l’interpénétration de ces deux sources de droit dans la doctrine juridique impériale du XVIIIe siècle, telle que formulées dans certains textes hanafites.