7 septembre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Jean-Claude Vatin, « L’orientalisme retourné ? », Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, ID : 10.4000/books.irmc.2401
Que penser de l’orientalisme en ce début du XXe siècle ? Les jugements et les condamnations ayant accompagné les décolonisations, puis les multiples travaux critiques entrepris, tant en Orient qu’en Occident, depuis les années 1970, ont fini par donner à penser que l’orientalisme était un phénomène à la fois univoque et historiquement circonscrit. Aujourd’hui il est possible de revenir sur pareilles opinions : en rendant à l’orientalisme toute sa profondeur historique, sa diversité géographique, ses modes d’expression (idéologique, scientifique, artistique) d’une part ; en relevant plusieurs indices de transferts, en observant des manifestations d’un nouveau genre, où les Orientaux eux-mêmes sont les principaux acteurs, d’autre part. Une sorte de retournement s’est opéré, par le jeu de deux dynamiques, contraires en apparence mais au service d’un même objectif : l’assimilation d’emprunts extérieurs ou patrimonialisation et les demandes de récupérations touchant aux biens culturels spoliés, ou recouvrement. L’orientalisme du temps des empires est révolu, mais la fabrique orientaliste, elle, tourne encore. Elle est seulement inversée.