7 septembre 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Frederick Cooper, « Une nationalité superposée: Being French and African in 1959 », Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, ID : 10.4000/books.irmc.2507
Il y a toujours eu plusieurs manières d’être français. Après 1945, la signification de la nationalité et la citoyenneté française en AOF n’était pas exactement la même qu’en métropole, qu’en Algérie, ou dans les États associés comme le Maroc. Cette communication examine les origines et surtout la signification de ces concepts en AOF. En principe, tous les ressortissants des territoires d’outre-mer ont acquis, avec la constitution de 1946, la « qualité » de citoyen. Pour les mouvement sociaux et politique en AOF, la citoyenneté était surtout un concept revendicateur : une ressource pour exprimer, dans le même langage utilisé pour exprimer la légitimité de l’Union française, le suffrage universel et le collège électoral unique, et aussi les salaires et les prestations sociales équivalentes à celles des citoyens d’origine européenne. En 1956, en pleine guerre d’Algérie, les mouvements politiques africains ont obtenu le suffrage universel, le collège unique, et les conseils de gouvernement élus dans chaque territoire africain. En 1959, dans un dernier effort de sauver un ensemble français (maintenant la Communauté française), le gouvernement français a accepté que chaque territoire (maintenant État Membre) pouvait avoir sa propre nationalité et que la nationalité « de la République française et de la Communauté » serait « superposée » là-dessus. Une France multinationale ? La réalité fut en fait bien différente, mais la possibilité même d’une France pluraliste nous oblige à repenser l’unicité et l’indivisibilité de la République française à un moment d’incertitude dans son histoire.