Émergence de la culture écrite saamie en Finlande à l’époque de la formation de la nation

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L’Église évangélique-luthérienne suédoise était une église institutionnalisée, comme le sera celle du Grand-Duché autonome de Finlande au xixe siècle. Cette Église devait soutenir l’action de l’État lors de la prise du pouvoir de Gustav Vaasa avec l’introduction de la réforme luthérienne dans le royaume suédois. Pour assurer sa suprématie dans le nord du royaume des programmes d’évangélisation des autochtones étaient élaborés et clairement développés surtout durant le xviiie siècle avec des efforts de traductions d’ouvrages pour les pasteurs et les catéchistes en charge des régions saamophones. Le système d’éducation des Saamis perdurera pendant toute la période du grand-duché de Finlande : après avoir transféré sous l’égide de l’empire russe, les politiciens finlandais déployaient de grands efforts pour sauvegarder l’autonomie qui leur avait été accordée en 1809 et de développer l’usage de la langue maternelle de la majorité de la population – le finnois – qui n’a eu un statut officiel qu’en 1863 ; celle des Saamis était fortement négligée à l’inverse des préceptes hérités de Martin Luther. De nombreux textes législatifs affermirent l’usage du finnois dès les années 1840, après la fondation de la Société de littérature finlandaise en 1831. Comme Benedict Anderson le démontre, l’accroissement de la littérature publiée dans la langue vernaculaire – le finnois dans ce cas – participa à l’effort de la création de la Nation finlandaise surtout après les années 1860, processus désigné comme print capitalism. Il faut cependant observer comment ce développement s’effectua au détriment de la situation des Saamis : certains rares ouvrages furent traduits après maintes démarches et en trop petites quantités, ne pouvant pas répondre aux besoins réels de l’éducation des jeunes. Ceux-ci ont cependant créé des bases pour une littérature saamophone qui ne prendra son essor que dans les années 1940.L’histoire du livre saami en Finlande a pris son essor dans une dichotomie entre le pouvoir central établi à Helsinki (dans l’extrême sud), dans les chapitres (de Turku jusqu’en 1850, dans le sud-ouest, et celui de Kuopio depuis 1850 dans la région de Savo), d’avec les régions saamophones dans le nord du pays. Les décisions prises par le Sénat devant être appliquées par les autorités ecclésiastiques ne l’étaient que sporadiquement, les rares traductions ne pouvant ainsi répondre aux besoins des élèves et des enseignants sur un long terme ; l’enseignement devant trop souvent se dérouler en finnois que la majorité des jeunes saamis ne comprenaient pas. Nous avons donc affaire à un schéma décrit par Edward Said : le modèle d’enseignement étant celui établi par les fonctionnaires en poste dans le sud n’ayant aucune notion des conditions de vie et d’enseignement dans les régions saamophones. Veli-Pekka Lehtola a entrepris de grands travaux sur ces aspects du colonialisme opérés par les autorités finlandaises. Le travail des rares pasteurs qui ont tenté d’améliorer la situation n’a pu porter de fruits à long terme. Cette histoire de la culture écrite saamie ne doit cependant pas être négligée, surtout si nous prenons en compte certains rares textes écrits par des Saamis. L’histoire de la culture écrite saamie est le reflet de ce « colonialisme ».

The history of Saami written culture reflects not only the social situation of Finland but also that of the Saami at the time of the Grand Duchy (1809-1917). Finland was forced to adhere to the Lutheran faith until the beginning of the 19th century when it was a Swedish province. This led to the translation of religious texts into Swedish and Finnish. The situation of the Saami languages was different. The first translations were published in 1619 in Umeå Saami, which the Saami of the eastern part of the realm did not understand. After Finland’s transfer from Sweden to Russia in 1809, the leadership focused its effort on upholding its new autonomous status by reinforcing Finnish identity. In this context, the Finnish written language was standardized, thus enabling the growth of Finnish publications. At the same time, the first Saami translations were published, but only sporadically and in an insufficient number of copies, for which reason they were not able to meet the need for the catechism. Some clergymen tried to develop the use of Saami, both by translating books and by encouraging adults to use their ancestors’ language with their children, but this did not provide systematic and long-term support. This essay analyzes how the Saami book history reflects the Finnish colonialism of its time.

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