7 septembre 2021
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Alain Blanc, « Toponymes grecs de l’époque classique éclairant des formes homériques : ‑όεις/‑οῦς à la place de ‑ήεις », MOM Éditions, ID : 10.4000/books.momeditions.11112
Le grec ancien dispose d’un suffixe ‑ϝεντ‑ qui permet, à partir d’un substantif x, de former un adjectif signifiant « pourvu de x, riche en x ». La frontière morphologique entre le thème du substantif et le suffixe est parfaitement visible en mycénien, puisque [w] est encore présent, et elle est encore claire dans la plupart des cas dans la langue homérique [‑η → ‑ή(ϝ)εις, ‑ο‑ → ‑ό(ϝ)εις]. Cependant, dans quatre formes épiques (ὀξυόεις, παιπαλόεις, σκῐόεις et τροφόεις), ‑όεις répond à un substantif en ‑η. Les hellénistes ont pensé jusqu’à maintenant que ces anomalies morphologiques sont dues aux exigences de la métrique. On admet donc encore aujourd’hui que le respect du mètre a fait créer des formes aberrantes et on pense que la langue épique s’est donné le droit de déformer des mots. En fait, il y a à l’époque classique, des toponymes en ‑οῦς, c’est‑à‑dire à finale ‑όεις, qui reposent sur des substantifs en ‑η ou en ‑α (Δαφνοῦς : δάφνη, etc.). Il est exclu de les expliquer en faisant intervenir des exigences métriques. Cet article étudie donc le mécanisme de l’extension de la finale ‑όεις aux dépens de ‑ήεις et il montre que cette extension, que l’on admet pour l’époque classique, avait commencé dès la langue homérique. Il s’agit d’un seul et même phénomène et on peut dire que pour une fois les faits de la langue classique éclairent les faits de la langue homérique.