19 novembre 2021
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Nicolas Gailhard et al., « The invisible movements of metallurgy: the interactions between nomads and metal », MOM Éditions, ID : 10.4000/books.momeditions.12532
Les données récemment obtenues sur les sites de Ovçular Tepesi, Uçan Ağıl, Zirinçlik and Kültepe I au Nakhchivan ont apporté un nouvel éclairage sur les débuts de la métallurgie extractive au sud du Caucase. Cette innovation technologique, combinée au développement du pastoralisme vertical, a entraîné de nouvelles dynamiques à travers la circulation des objets et des matières premières, lesquelles ont conduit au développement de nouvelles interactions entre sociétés humaines et leur environnement. Des artefacts, des fragments de minerais et des outils métallurgiques ont été découverts sur ces sites, mais les données d’Ovçular Tepesi revêtent une importance particulière puisqu’elles remontent la date des pratiques métallurgiques attestées au Caucase au dernier quart du Ve millénaire avant notre ère. Le coulage du cuivre, la sélection d’oxides spécifiques, voire la pratique de la co-réduction, ont été mis en évidence, tandis que les analyses géochimiques et isotopiques du plomb de certains artefacts, dont quelques gros objets en cuivre, ont montré que ces artefacts avaient été fabriqués localement à partir de minerai de cuivre provenant des proches montagnes du Zanguezour. Il s’agit du premier des « mouvements invisibles » de la métallurgie, où le minerai de cuivre descend des montagnes riches en dépôts cuprifères vers les plaines où sont localisés les sites sédentaires ou semi-sédentaires de Kültepe I et Ovçular Tepesi. Parmi les outils en cuivre d’Ovçular Tepesi, une hache-herminette et une hache-marteau offrent d’étroits parallèles avec des artefacts contemporains d’Europe du Sud-Est (p. ex. les haches de type Vidra) et d’Iran (Tepe Ghabristan), ce qui dénote des liens possibles à la fois avec la province métallurgique circopontique (CMP) et le plateau iranien : ainsi, les échanges à longue distance font aussi partie de ces « mouvements invisibles ». Les données du Nakhchivan montrent en somme qu’un stade avancé de métallurgie extractive avait été atteint au sud du Caucase dès la fin du Ve millénaire av. J.‑C., probablement en relation avec l’exploitation des territoires de montagne, le développement du pastoralisme et la constitution de réseaux d’échange à longue distance.