13 février 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Juliette Lassalle et al., « L’exploitation pastorale des territoires de confins de la haute vallée de la Roya à travers les sources écrites (xiie-xviiie s.). Contribution à une approche pluridisciplinaire », Publications du Centre Camille Jullian, ID : 10.4000/books.pccj.235
Nous livrons les résultats des recherches menées sur les pâturages de confins de la haute vallée de la Roya (France/Italie) à partir des sources écrites (périodes médiévale et moderne) et cartographiques. Cette démarche s’inscrit dans une approche diachronique et dans une dynamique pluridisciplinaire visant à confontrer les résultats tirés de l’archéologie et de l’histoire à travers l’analyse spatiale des données livrées par les textes et par le terrain. Les territoires choisis ici se situent en altitude (Parc du Mercantour/Parco regionale Alta Valle Pesio e Tanaro), zone délaissée par les récentes publications consacrées à la transhumance dans les Alpes. Ils se définissent avant tout par l’exploitation des ressources, tant coutumière que commerciale, à travers une série de droits d’usage dans le cadre d’une économie montagnarde fondée sur l’élevage (pâturages de proximité), la transhumance à courte, moyenne et longue distances et l’exploitation du bois. Entre le milieu du xiie et la fin du xviie s., ces territoires ont été dotés de structures liées à l’économie pastorale qui ont laissé une empreinte plus ou moins pérenne sur le territoire (enclos, cabanes pour la fabrication des fromages, abris des bergers, vayles). Les limites de juridiction et de droits d’exploitation des différents ayants-droits ont été matérialisées sur le terrain par l’implantation de bornages successifs associant des éléments anthropiques (bornes de pierre, chemins) et naturels (cours d’eau, croix gravées dans les rochers). Le déplacement des troupeaux et des hommes a également été codifié selon un ensemble d’itinéraires autorisés (drailles), parfois selon les saisons en fonction de la montée ou de la descente des alpages. Ces itinéraires associent l’accessibilité, la proximité de l’eau pour le bétail et les hommes ainsi que celle des zones boisées (branchages pour la construction des enclos, des cabanes et des abris, bois de chauffage, nourriture des troupeaux). Cette contribution se conçoit donc comme un point d’appui au référentiel chronologique de l’exploitation des écosystèmes des pâturages d’altitude par les communautés d’habitants locales.