6 avril 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Philippe Boissinot, « Le concept d’acculturation : son utilité et les limites dans son application à l’archéologie », Publications du Centre Camille Jullian, ID : 10.4000/books.pccj.4041
Le concept d’acculturation, souvent mal maîtrisé et chargé d’un certain nombre de défauts peut toutefois encore être opératoire pour traiter des changements culturels provoqués par la rencontre entre deux groupes humains, surtout lorsqu’il s’agit de penser des phénomènes de grande ampleur. Il sera toujours d’utilisation délicate pour la Protohistoire, car les déductions sont souvent risquées à partir des seuls vestiges matériels qui ne peuvent bénéficier de sources indépendantes venant éventuellement les valider, comme le feraient par exemple des textes suffisamment explicites. Ces difficultés se rencontrent chaque fois qu’il s’agit de penser identité et changement. Or pour parler d’acculturation, il faut parvenir à caractériser l’identité de chaque groupe. Mais le concept d’identité, qui a pris depuis les années 1970 une coloration identitaire, doit lui aussi être manié avec de grandes précautions, à la lumière des derniers travaux de l’ethnologie sur ce sujet. On se demandera donc, finalement, si les raffinements que l’anthropologie a apportés à la notion d’acculturation s’avèrent ici, dans son application à l’archéologie, plus utiles qu’un simple effet heuristique, ou qu’une mise en garde vis-à-vis de quelques débordements interprétatifs – ce qui est loin d’être négligeable, après tout.