4 novembre 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Dominique Briquel et al., « À propos de deux vases inscrits du Louvre. À la recherche d’une pharmacopée étrusque », Publications du Centre Jean Bérard, ID : 10.4000/books.pcjb.8180
Le musée du Louvre possède deux petits vases globulaires sans anses à col allongé, issus de la collection Campana et provenant vraisemblablement des fouilles entreprises par le marquis sur le site de Cerveteri, portant inscrits l’un le terme CUPRUM, l’autre le terme RUTA. Ces deux inscriptions ont été parfois attribuées à l’osque, souvent considérées comme fausses, tandis que les vases étaient datés d’une période tardive. Mais le caractère étrusque de ces documents ne fait pas de doute, leur authenticité ne paraît pas contestable, les vases – même s’ils relèvent d’une catégorie de céramique encore mal étudiée – remontent à l’époque archaïque. Les mots cuprum et ruta sont donc à considérer comme étrusques mais sont des mots d’emprunt, transcrivant les dénominations grecques du henné et de la rue. Ces deux vases ont dû contenir des produits liquides ayant pour base ces deux plantes. Des analyses biomoléculaires, menées en novembre 2011 dans le cadre du programme Perhamo/MAGI, ont permis d’apporter quelques précisions sur les contenus de ces vases. Ils sont formés d’une base grasse composée, pour l’un, de graisse animale (celui avec inscription RUTA) et, pour l’autre, d’huile végétale (avec un produit laitier et de l’oléorésine de conifère). La rue représentait le principe actif d’un liniment tandis que le henné a sans doute servi à la fabrication d’une huile médicinale faisant office d’embrocation. On s’interrogera ici sur la signification de ces deux produits, connus pour leur usage médicinal, dans la tombe où ils avaient été placés – puisqu’il est hors de doute que les deux vases ont été trouvés dans une tombe et, de facture identique, ont appartenu à un même mobilier funéraire.