Zhou Zuoren et les fantômes

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12 décembre 2017

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Georges Bê Duc, « Zhou Zuoren et les fantômes », Presses de l’Inalco, ID : 10.4000/books.pressesinalco.1812


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Résumé Fr En Zh

Si lors du mouvement du 4 Mai, le personnage du fantôme est chassé de la littérature, sa métaphore est couramment utilisée par ses promoteurs – parmi lesquels Zhou Zuoren – pour dénoncer l’arriération culturelle ou bien ceux qui s’opposent au changement. Pourtant, ce dernier en fait un usage peu orthodoxe en s’en servant éventuellement contre ces mêmes promoteurs. Mais pour lui, bien plus qu’une figure rhétorique commode pour dénoncer les tares des contemporains, le fantôme est le révélateur d’une pensée sauvage enfouie dans nos sociétés, un objet anthropologique digne d’étude. C’est à ce titre qu’il entreprend de consigner des récits de revenants, ou de tenter des comparaisons. Le fantôme en littérature l’intéresse aussi. Les deux approches – anthropologique et littéraire – se complètent : l’anthropologie (de type frazérienne) dévoile l’arriération des hommes (« le démon au fond de l’homme »), l’approche littéraire exprime les aspirations humaines (« l’homme au fond du démon »). Que cela soit pour désigner (les adversaires, les tares des contemporains) ou bien pour révéler (la pensée sauvage, les aspirations humaines), il s’agit toujours d’un usage transitif du fantôme. C’est autre chose que l’on vise. Mais là ne s’arrête pas l’intérêt de Zhou Zuoren pour les revenants. On peut même dire qu’avant même cette approche intellectuelle, il y a chez lui un goût (quwei 趣味) une attirance, un penchant pour eux. Aussi les fantômes prennent-ils deux aspects sous sa plume : hauts en couleurs lorsqu’il s’agit de dresser des typologies et d’amorcer des comparaisons, réduits à l’appellation générique gui (鬼) ou au verbe substantivé chonglai (重来) « [celui qui] revient ») lorsque est exprimée une fascination pour le revenant. Pour Zhou Zuoren en effet, le fantôme n’est jamais aussi effrayant que mêlé incognito aux humains, et le seul acte transgressif de « revenir » suffit à susciter l’effroi.

During May Fourth Movement, although as a fictional character, ghost was expelled out of literature by the promotorsof the New Culture movement, itwas frequently used as a metaphor. It fitted perfectly to denounce cultural backwardness, or those who were reluctant to change. As a prominent leader of the movement, Zhou Zuoren practised this metaphor too. But ghost (gui) was for him much more than a simple figure of speech: it reveals a permanent savage thought lying in the depth our modern societies. Much more than an easy way to stigmatize adversaries, it is an anthropological object. This is why he undertook to sample stories, collect legends from Chinese or foreign origin and often tried to compare them. But beyond anthropology, ghost in literature also aroused his interest. In fact, (frazerian) anthropological and literary approaches are complementary. The first one reveals backwardness of mankind (“the ghost inside of man”), and the latter expresses human aspirations (“the man inside the ghost”). Whether he uses this figure to designate (adversaries, feudalism…) or to reveal (savage thought, human aspirations…), ghost is but a medium. But beyond this transitive usage, ghost is an interesting (you quwei 有趣味) literary object per se. Above all, Zhou Zuoren has a real penchant, even a fascination for supernatural beings. In his writings, ghosts are either depicted with picturesque details when Zhou Zuoren is trying typologies or comparisons, or on the contrary, is scarcely sketched, even reduced to a bare naming of it: “ghost !” In doing so, Zhou Zuoren expresses a deep fascination for revenants. The more frightening of both kinds of evocations is undoubtedly the latter: when it comes back, incognito among humans. This is why, as an alternative to gui, Zhou often refers to it only through the transgressive act of coming back: chonglai 重来.

五四運動時期,民間文學常見的“鬼”,同一切怪物一樣已不是文學人物了。雖然如此,提倡新文化的知識分子依然用鬼字來比喻當時的封建思想或反對社會變化的複古勢力。作為新文化運動的主將之一,周作人並不例外,不過與同輩知識分子不同,他不僅罵反動派為鬼,就連提倡新主義的同輩,也偶爾被他一樣罵為鬼。在周作人的文章裡,妖鬼和怪物不只提供一些比較方便的用來形容當時的種種弊端的詞彙,它們更是反應現代社會裡面深藏著的野蠻思想,是人類學必須研究的對象。周作人幾十年間收集起來的,來自各地的亞洲傳說、習俗和迷信等都屬於此種人類學探索。與(弗雷澤式)人類學的探索相比,文學裡的鬼常常含著一種人道的意念。前者主要揭露人類的落後,難於逃脫自古遺留下來的野蠻思想(“人中有鬼”),而後者顯示出鬼的形像後面個人的想往與希求(“鬼中有人”):人類學的鬼與文學裡的鬼都反映著人類心理的兩面。以上說的鬼,不管是為了指名對手還是為了反應人的心理,都是作者用它的形象來指責對手或暗示人心深處隱藏著的一面,都是藉助於鬼來暗示其他東西。而周作人對鬼的興趣遠不限於這種傳遞性的鬼。作為文人,他認為鬼是文學裡很有趣味的文學對象。在他筆下,鬼可以分為兩類。一種是文化上的鬼,即他在中外傳統文學、傳說、民間文化里蒐集起來的種種怪物。這些鬼神妖怪,他描寫得形形色色、栩栩如生。另一種鬼呢,在他筆下可能出現最多,可是他從不描寫它,只是寥寥幾筆地提起它,簡單的叫它“鬼”,至多說它“重來”。這種鬼的可怕不在它的奇怪形象,恰恰相反,不肯呆於陰間,反而隱匿地返回人間,從外貌上看與人沒有任何區別,這樣的鬼才是最可怕的鬼。這種鬼反映著周作人心裡深處的對人類的失望與對命運的恐懼。

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