4 février 2022
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Céline Wang, « Appropriation du concept de démocratie en Chine au début du xxe siècle », Presses de l’Inalco, ID : 10.4000/books.pressesinalco.43332
Après la Révolution de 1911, bien que la Chine soit entrée dans une ère républicaine, la réalité n’a pas pour autant changé ; pour ce qui concerne les politiques intérieure et extérieure comme dans les pratiques sociales, tout continue comme auparavant. De 1915 à 1920, la Chine connaît deux phénomènes sans précédent : un État affaibli, instable sous le règne des seigneurs de la guerre et une floraison d’idées si nouvelles et variées qu’on la qualifiera de « Lumières chinoises » par référence au xviiie siècle français. Le pays voit l’émergence d’une intelligentsia nouvelle qui cherche à s’affirmer dans le Mouvement pour la Nouvelle culture. En s’appropriant le concept de démocratie, ainsi que ses valeurs, elle s’attache à définir ce qu’est l’essence d’une véritable république, et repense les relations entre individu, peuple et État en remettant en cause les fondements mêmes de la culture chinoise. Cependant, bien qu’elle s’emploie à rejeter radicalement la culture ancienne dans son ensemble, elle ne peut éviter le recours à certains concepts traditionnels pour justifier ou mettre en valeur ces idées nouvelles. Notre recherche tente de montrer en quoi consiste l’appropriation du concept de démocratie à travers les écrits de ces trois principaux acteurs : Chen Duxiu, Gao Yihan et Yi Baisha. En nous interrogeant sur son processus et sur l’hybridité de ces emprunts, nous chercherons de surcroît à en appréhender les enjeux politiques.