4 février 2022
https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Gaëlle Ronsin, « Les processus d’appropriation des savoirs scientifiques dans la gestion d’un espace naturel protégé : la construction d’un avis du conseil scientifique autour de la gélinotte des bois dans le Vercors », Presses de l’Inalco, ID : 10.4000/books.pressesinalco.43700
La composition diversifiée et le fonctionnement élargi des conseils scientifiques des espaces protégés les conduisent à catalyser des échanges d’intensités variées entre différents professionnels, objets et connaissances. Ils constituent des lieux de dialogue entre des approches plurielles de la nature et de la science, liées à des pratiques disciplinaires et professionnelles distinctes. L’étude d’un avis du conseil scientifique de la réserve du Vercors portant sur un programme de réintroduction de gélinottes des bois, une espèce d’oiseau menacée, témoigne des processus d’appropriation de savoirs qui se manifestent dans le temps réduit des réunions et de leurs à‑côtés, avant leur soumission sous forme d’avis à l’instance décisionnaire.Les débats issus de l’examen du programme en séance reflètent la diversité des savoirs qui s’expriment : des savoirs disciplinaires, méthodologiques, bibliographiques mais également la connaissance du terrain et du contexte social se rencontrent. La mise en ordre de ces savoirs divers pour les transmettre à d’autres arènes nécessite de faire le tri dans l’enchevêtrement des perspectives présentées mais également de constituer des apports scientifiques spécifiques sur ce programme. Même si les conseils scientifiques semblent posséder un fort potentiel de mise en dialogue de connaissances variées, les mécanismes d’appropriation sont conditionnés par leur capacité d’expression et la hiérarchie initiale entre savoirs. Finalement, la rédaction de l’avis par le président et sa transmission au monde de l’action révèle d’autres processus. Le choix des arguments peut conduire à mettre de côté certaines connaissances jugées peu stratégiques. L’appropriation de savoirs minoritaires demande en outre un apprentissage plus long que le temps effectivement disponible pour communiquer un avis du conseil scientifique à d’autres acteurs. Finalement, les appropriations de savoirs se manifestent également en dehors des circuits institués, en privilégiant les moments informels qui permettent l’hybridation des connaissances entre la sphère scientifique et celle de la décision publique.