4 février 2022
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Flore Guiffault, « Penser le concept d’appropriation au prisme de la circulation des savoirs, des savoir‑faire et des techniques après le tremblement de terre de 2010 en Haïti », Presses de l’Inalco, ID : 10.4000/books.pressesinalco.43855
Le tremblement de terre de 2010 en Haïti a provoqué un sursaut des consciences. Grand absent pendant plusieurs décennies des programmes de réduction des risques et de gestion des désastres, le risque sismique fait son retour dans les politiques publiques. Une série d’actions est engagée par les acteurs de la reconstruction pour rattraper le retard pris dans la prévention des risques dits naturels. La nature est vue comme dangereuse, et les Haïtiens comme inaptes à faire face seuls aux grands dangers qui les menacent. La solution doit donc, au moins en partie, venir de l’extérieur. Elle est organisée par des acteurs étatiques et par ceux de l’aide au développement : organisations internationales et non gouvernementales, partenaires bilatéraux, bureaux des Nations unies, bailleurs de fonds. Le transfert de connaissances à travers des conférences, des formations, des ateliers participatifs et des rapports d’expertise doit permettre de construire à long terme une gouvernance des risques. En parallèle, des acteurs haïtiens luttent pour une reconnaissance de leurs compétences et un accès à la connaissance. Nous interrogeons le concept d’appropriation pour parler de ces différentes formes de circulation de savoirs, de savoir‑faire et de techniques pratiquées en Haïti après 2010. En comparant différentes acceptions du terme d’appropriation, nous analysons les enjeux dont sa définition fait l’objet, et les conséquences que cela peut avoir pour penser les processus qui nous intéressent. Notre analyse est construite sur deux cas de circulation de savoirs : une campagne d’analyse participative des risques menée par une ONG internationale en milieu rural et la construction d’un réseau national de surveillance sismique par des ingénieurs du Bureau des mines et de l’énergie. Les données utilisées pour illustrer l’analyse sont issues d’une enquête ethnographique en Haïti auprès des parties prenantes qui s’est déroulée entre juillet 2015 et janvier 2016.