Double alchimie au lac Tchad : ou comment transformer la ressource en pénurie et la pénurie en ressources

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16 mai 2022

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Géraud Magrin, « Double alchimie au lac Tchad : ou comment transformer la ressource en pénurie et la pénurie en ressources », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.101010


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Le lac Tchad fait office depuis quelques années d’emblème de la crise du Sahel, à partir de la diffusion d’un diagnostic de l’assèchement du lac menant à sa (proche) disparition, aux effets catastrophiques pour les populations riveraines. Ce message est fondé sur un article scientifique américain relayé par la communication de la Nasa, et sur le discours de nombreuses institutions (FAO, CBLT, États riverains, etc.), repris par les médias. La recherche de lieux concrets capables d’illustrer les effets du réchauffement climatique a cru y trouver un modèle. Le cas du lac Tchad est ainsi régulièrement évoqué dans les conférences internationales sur l’environnement et le climat. Or les réalités du lac sont bien différentes : l’article repose sur un diagnostic erroné et réfuté, les images de la Nasa sont contestables par leur parti pris ; les hydrologues partagent le diagnostic d’une stabilité du lac à un niveau de petit lac déjà rencontré au cours du xxe siècle et des périodes antérieures ; rien ne permet d’annoncer sa disparition. Ce petit lac a servi d’espace d’accueil depuis les sécheresses des années 1970-1980 : il est relativement prospère au sein du Sahel. Ses ressources permettent des activités économiques productives (agriculture de décrue, pêche, élevage), adaptées aux fluctuations habituelles de l’environnement.La thèse de l’épuisement dramatique de la ressource est instrumentalisée dans une double perspective : légitimer un projet de transfert des eaux depuis le bassin du Congo, qui s’inscrit dans un cadre plus large de velléités de retour de grands projets (hydro) agricoles en contexte post-ajustement structurel ; drainer les financements internationaux, car si l’aide au développement devient chiche, la cause environnementale et la lutte contre les effets du réchauffement climatique sont plus porteuses. Il faut donc transformer la pénurie en eau supposée en ressources financières. Ce texte décrit et interprète ce décalage entre connaissance scientifique du fonctionnement du Lac et diagnostic institutionnel et médiatique dominant, à partir d’une analyse des stratégies des différents acteurs (États, organisme de bassin, FAO et bailleurs, médias, think tank).

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