« Ils avaient des yeux et ils n’ont rien vu »

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30 mai 2022

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Arnaud Guinier, « « Ils avaient des yeux et ils n’ont rien vu » », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.107765


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Résumé 0

De la paix d’Aix-la-Chapelle (1748) à la Révolution, l’armée française des Lumières est sous l’influence du modèle prussien. Les succès répétés de Frédéric II conduisent, en effet, à revisiter les institutions militaires nationales au prisme de celles de la Prusse. Or un tel travail de réforme n’est pas sans conséquences en matière de construction d’une culture et d’une identité militaire française à l’époque des Lumières. S’il conduit, sur le plan le plus visible, à l’apparition d’une scission entre officiers pro- et anti-prussiens, il contribue également à l’affirmation d’une culture partagée empreinte d’une double dimension, à la fois scientifique et nationale. Au-delà du débat qu’il engendre, le modèle militaire prussien devient en effet un passage obligé dans la formation des officiers désireux de s’initier à la science militaire. Il constitue, en effet, un paradigme incontournable de la culture scientifique guerrière du temps. Néanmoins, ce rôle de modèle accordé à la Prusse s’accompagne d’une lecture fréquemment stéréotypée du caractère de ses soldats et des formes de dressage mises en œuvre dans son armée, lecture qui témoigne moins d’un souci d’impartialité scientifique et d’imitation que d’une volonté de se distinguer. À travers l’analyse du système prussien s’affirme ainsi chez nombre d’auteurs l’idée d’une irréductibilité des caractères nationaux et de leurs divergences qui rend impossible tout principe d’imitation pure et simple d’un modèle voisin au nom de l’existence d’une science militaire unique et détachée des contingences nationales. La Prusse se situe ainsi au croisement de l’affirmation de deux cultures militaires, l’une scientifique et à prétention universaliste, l’autre identitaire et liéE au principe d’une différence fondamentale des caractères nationaux. C’est ce rôle complexe de ce modèle prussien dans la construction d’une culture et d’une identité militaire française que nous nous proposons d’interroger, en posant par ailleurs la question de l’instrumentalisation de son rejet ou de sa valorisation. En effet, au-delà d’un point de vue scientifique ou identitaire, la condamnation ou la promotion de l’armée de Frédéric II ne renvoient-elles pas également à de simples stratégies de carrière pour des officiers en mal d’avancement ?

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