29 juillet 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Roxane Chilà, « « Il y en a plein la ville ! » », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.26699
La conquête de Naples en 1442 par le roi d’Aragon Alphonse le Magnanime a représenté pour la société urbaine un phénomène décisif, en raison d’un afflux de migrants en provenance des territoires ibériques. Les officiers de la Couronne d’Aragon et les hommes d’armes sont arrivés contraints par l’aventure italienne du souverain, mais le flux migratoire est loin de se limiter aux acteurs de la conquête. L’insertion de ces « Catalans » – comme les nomment les Napolitains – dans le tissu urbain se fait selon des modalités différenciées : on observe une nette diversification des stratégies en fonction du projet des migrants dans la société napolitaine. Seule une poignée d’individus accède aux seggi, ces circonscriptions territoriales nobiliaires dont les représentants assurent le gouvernement municipal, tandis que la majorité se concentre dans les quartieri bassi de la zone portuaire. Cette migration a engendré à Naples et en Italie des réactions hostiles, qui font rejouer des stéréotypes nationaux anciens trouvant leur origine dans les usages politiques des prophéties joachimites en Sicile et en Aragon, exacerbées par la crainte de voir les Trastamare inféoder des lignages ibériques dans le Royaume de Naples.