18 septembre 2019
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Pierre Cosme, « Les Res gestae divi Augusti : une autobiographie d’Auguste ? », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.33712
Ce document, qui a fasciné des générations d’historiens de l’Antiquité, a été retrouvé gravé sur les murs d’un temple consacré à Auguste et à Rome et à Ankara, capitale de la province romaine de Galatie. En outre, des fragments de deux autres versions furent découverts : en grec à Apollonia de Phrygie, à la base d’un monument destiné à accueillir les statues d’Auguste, Tibère, Livie, Germanicus et Drusus ; en latin à Antioche de Pisidie, dans les ruines d’un temple dédié à Auguste divinisé. La première inscription serait la traduction grecque d’un original romain mentionné par Suétone et par Dion Cassius, gravé sur deux plaques de bronze à l’entrée du mausolée d’Auguste. Cette présentation ne permettait guère aux passants d’en lire le texte dans son intégralité. Dans sa version grecque, les mots n’étaient d’ailleurs même pas séparés les uns des autres, ce qui, selon Paul Veyne, est caractéristique des monuments qui relèvent plus du faste que de la propagande. Ce texte s’inscrit également dans la tradition romaine des éloges funèbres des aristocrates défunts et des elogia, qui présentaient un récit continu de leurs hauts faits gravé sur leur tombeau. S’y ajoutent les tituli, c’est-à-dire les noms de peuples vaincus et de pays conquis écrits sur des panneaux exhibés lors des triomphes. Il était aussi de tradition à Rome qu’un magistrat ou qu’un promagistrat adressât un compte rendu de ses actes au Sénat. En revanche, il était exceptionnel que ces écrits donnent lieu à des recherches stylistiques comparables à celles de César, qui donna à ce compte rendu une dimension autobiographique. Du fait du lien de parenté qui unissait Auguste à César, on peut s’interroger sur l’influence qu’auraient pu exercer sur le premier les Commentaires de la Guerre des Gaules. Une allusion de Suétone nous apprend d’ailleurs qu’Octavien avait entrepris de rédiger son Autobiographie, qui commençait par sa naissance, et l’aurait poursuivie jusqu’au récit de la guerre contre les Cantabres et les Astures en 26 av. J.-C. Le prince y renonça-t-il parce qu’il était trop absorbé par ses tâches gouvernementales ou parce qu’il n’en ressentait plus la nécessité ?