Les experts juifs à Marseille au xive siècle

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Confronter fait minoritaire et expertise à Marseille au xive siècle conduit à soulever le paradoxe entre l’infériorité du juif, théoriquement « infidèle », et le statut de publicus qu’il se voit reconnaître en qualité d’expert. Les documents notariés signalent, de manière inattendue, le recours aux experts juifs pour l’estimation de parcelles de vigne, de la qualité d’un produit ou des termes d’une transaction économique à partir de documents latins. Le crédit personnel que leur accordent les chrétiens relève de leur fama publica et est garanti par la sanction judiciaire. Mais l’approche de l’expertise des juifs montre que la confiance dont ils bénéficient participe surtout de l’échange culturel au sein des élites urbaines, de l’adhésion à un même code d’honneur, en dépit des différences confessionnelles.

Confronting the minority phenomenon with expertise in the Marseilles of the fourteenth century brings us up against the paradox where the Jew, theoretically an “infidel” of inferior status, attains the status of publicus by virtue of being recognized as an expert. Notarized documents show us, unexpectedly, that Jewish experts were solicited to estimate the surface area of a vineyard, to judge the quality of a product or to check the terms of an economic transaction spelt out in documents in Latin. The personal credit accorded them by the Christians was based on their fama publica and was guaranteed by judicial sanction. But on closer examination trust in Jewish expertise is seen to be part of the cultural exchange that took place between urban elites, who subscribed to the same code of honor despite religious differences.