18 décembre 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Anh Linh François, « L’archéologie sous-marine et subaquatique », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.38581
L’archéologie sous-marine et subaquatique est une discipline récente dans le monde scientifique. Bien que ses objectifs scientifiques ne diffèrent pas de ceux de l’archéologie terrestre, les conditions de travail en milieu aqueux sous pression nécessitent des adaptations techniques spécifiques. La descente dans les profondeurs sous-marines a, dès le Moyen Âge voire dès l’Antiquité, attiré et inspiré de nombreux inventeurs. Il faut attendre le xixe siècle pour qu’apparaissent les premiers scaphandres permettant à l’homme de respirer et d’évoluer plusieurs heures sous l’eau en milieu sous pression et la moitié du xxe siècle pour voir l’apparition des scaphandres autonomes permettant aux plongeurs de respirer sur demande. Ces progrès ont permis d’ouvrir la voie aux premières recherches scientifiques sous-marines et notamment en archéologie. Les techniques de fouille sous-marines sont similaires à celles terrestres : prospection, cartographie, dégagement des vestiges, relevés, photographies, prélèvements… bien que le temps de travail soit limité sous l’eau à cause de l’autonomie en air et au respect des mesures de sécurité afin d’éviter tout accident de décompression pour le plongeur. Depuis la deuxième moitié du xxe siècle, les méthodes classiques de prospections (archives, prospection pédestre…) combinées aux avancées scientifiques et techniques en géophysique (sonar latéral, sonar multifaisceaux, AUV, magnétomètre, échosondeur) permettent dorénavant de réaliser des cartographies précises à de grandes profondeurs et de détecter les anomalies physiques des fonds marins révélant épaves et vestiges engloutis. Le début du xxie siècle est marqué par l’arrivée des premiers ROV (Remotely Operated Vehicle), engins téléguidés permettant d’intervenir à très haute profondeur sans intervention de plongeurs et avec une plus grande autonomie, ainsi que l’apparition des AUV (Autonomous Underwater Vehicle) dotés d’intelligence artificielle pouvant communiquer entre eux pour effectuer des tâches multiples et notamment réaliser des couvertures photographiques des fonds marins à très hautes résolutions. En 2016, l’université de Stanford met au point le premier robot semi-humain Ocean One doté de capteurs sensoriels pouvant manipuler des objets fragiles à de très grandes profondeurs. Avec moins de 10 % estimé des épaves et vestiges mis au jour au fond des océans, les avancées en robotique apportent de nouvelles perspectives scientifiques pour l’archéologie sous-marine.