Le martyr politique : mémoire et instrument de dissidence sous le règne d’Édouard II Plantagenêt (1307-1327)

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Sous le règne d’Édouard II, plusieurs barons en révolte contre le pouvoir sont arrêtés et condamnés comme traîtres. Le châtiment qui leur est infligé, à la hauteur d’un crime considéré comme « énorme », vise à porter un coup fatal à la rébellion et à produire de l’obéissance publique. Il suscite surtout l’horreur et la répugnance et ouvre la voie à un discours qui érige en martyrs les frondeurs. Cette contribution montre, à travers l’exemple des Contrariants et plus particulièrement du comte Thomas de Lancastre, que l’on peut instrumentaliser le souvenir de la contestation et de sa répression : le martyr politique, s’il sert les intérêts de ses compagnons de lutte peut aussi faire l’objet d’une récupération et servir à terme d’autres causes, voire renforcer le pouvoir.

During the reign of Edward II, several barons engaged in a revolt against the power were arrested and sentenced as traitors. The punishment inflicted on them was equal to the sentence pronounced for those who had committed a crime considered as “enormous”. Its goal is to deal a fatal blow to the rebellion and to instil public obedience. It mainly prompts reactions of horror and reluctance and paves the way for a rhetoric in which the rebels assume the role of martyrs. Through the example of the Contrariants and more particularly that of Thomas, Earl of Lancaster, this contribution shows that we can exploit the memory of the protest and of its repression: the political martyr can serve the interests of his companions in arms while also being picked up and eventually serving other causes or even strengthening the power.