26 avril 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Myriam Greilsammer, « Dangereuse liberté », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.72457
La société des Pays-Bas, qui a adopté un droit à tendance égalitaire dès le xiiie siècle, a-t-elle accordé aux femmes le libre choix de leur conjoint ? L’attitude des villes envers les mariages de femmes majeures prouve le contraire. Les procès de ces couples en quête de liberté sont le corollaire direct du développement égalitaire de la condition de la femme. Le fait que dès le xiiie siècle les femmes se soient vu attribuer le droit d’agir en justice, d’hériter et de se suffire économiquement à elles-mêmes a renforcé l’inquiétude devant les risques inhérents à ces droits. En conséquence, le droit s’est attaché à lutter contre toute velléité d’indépendance, par la création de la fiction du rapt violent des femmes majeures. Les élites urbaines pouvaient d’autant moins accepter la liberté de choix de ces femmes en matière de mariage qu’elle mettait en danger l’avenir économique même de la famille et de toute la société des nantis. Cet article montre que cette opposition au libre arbitre des femmes majeures est inversement proportionnelle à l’amélioration de leur statut juridique dans les Pays-Bas.