26 avril 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Megan Cassidy-Welch, « Incarcération du corps et libération de l’esprit : un motif hagiographique », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.72939
Le rapport entre l’emprisonnement et la sainteté est une caractéristique importante de l’hagiographie chrétienne au Moyen Âge. Les conditions de l’emprisonnement et l’espace de la prison sont présents dans de nombreuses Vies de saints du haut Moyen Âge comme du Moyen Âge tardif. Beaucoup de récits hagiographiques présentent un saint subissant toute une série de tortures, dont l’incarcération, avant d’être martyrisé, tandis que, dans d’autres textes du même genre, des saints apparaissent miraculeusement à des prisonniers afin de les libérer ou de leur apporter un réconfort. Dans les textes hagiographiques médiévaux, l’emprisonnement peut donc être associé à la fois aux conventions du récit hagiographique (l’histoire du martyre) et à la valeur discursive de la prison en tant qu’espace où pouvaient s’exprimer des leçons sur les tendances libératrices de la foi. Cet article tente d’examiner comment dans les récits hagiographiques, l’état d’emprisonnement pouvait servir à souligner la singularité du saint et à réaffirmer des principes orthodoxes. On entend ainsi suggérer que les objectifs pédagogiques particuliers de ces textes reposaient sur l’idée que la claustration forcée et la liberté n’étaient pas contradictoires, mais plutôt symbiotiques. On présente les différentes formes sous lesquelles l’emprisonnement apparaît dans les textes hagiographiques médiévaux, avant de se concentrer sur une vita particulière et assez singulière du début du xiiie siècle, la Vie de Christine l’Admirable.