26 avril 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Anna Benvenuti et al., « Cellanae et reclusae dans l’Italie médiévale », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.73039
L’expérience de la réclusion volontaire constitue au Moyen Âge – spécifiquement pour les femmes – un choix religieux d’une intensité et d’une valeur symbolique particulières. Cette forme d’ascèse individuelle, très éloignée de l’expérience spirituelle vécue à l’intérieur d’une communauté monastique, se caractérise par sa forte valeur allégorique, illustrée par la cérémonie funèbre au cours de laquelle les pénitents (hommes ou femmes), une fois installés dans leur cellule, sont emmurés pour symboliser leur mort au monde et leur préservation du péché. Communiquant avec l’extérieur grâce à une petite fenêtre par laquelle ils peuvent recevoir nourriture, sacrements et soutien spirituel, les reclus répondent à une demande d’interaction religieuse exprimée par la communauté parmi laquelle s’inscrit leur présence: une sorte de pacte rituel public par lequel le groupe social, qui assume les dépenses pour l’entretien du pénitent, obtient en échange ses prières et son intercession après sa mort. Dans la sémantique religieuse du monde médiéval, cette forme d’oblation constitue un exemple de vie parfaite auquel on attribue souvent les caractéristiques de la sainteté. En raison de cette coïncidence sémantique, à côté de la documentation privée attestant de la diffusion et du succès de la réclusion religieuse individuelle, nous possédons aussi nombre de Vies de saints permettant d’approfondir cette forme spécifique de religiosité.