26 avril 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
B. Given James, « Dans l’ombre de la prison », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.73074
Cet article traite de l’intrication entre les prisons inquisitoriales et la société environnante en Languedoc à la fin du xiiie siècle et au début du xive siècle. L’expérience américaine des prisons de la fin du xxe et du début du xxie siècle le montre, les prisons peuvent avoir un impact majeur non seulement sur les détenus, mais aussi sur le reste de la société. En Languedoc, l’expérience des prisons inquisitoriales était très répandue et leur réputation était encore plus large. L’emprisonnement d’un individu avait des conséquences importantes sur ses relations demeurées à l’extérieur, notamment, pour ses héritiers, la confiscation et l’éviction des offices publics. Les inquisiteurs utilisaient les prisons comme une étape à part entière de leurs interrogatoires et de leurs stratégies pénales. L’emprisonnement d’un suspect pouvait inciter ses contacts encore libres à avouer avant d’être dénoncés. Les gens délivrés des prisons inquisitoriales entraient dans un groupe extérieur distinct et stigmatisé, ce qui les rendait sujets à manipulation par les inquisiteurs. Elles avaient aussi des conséquences non attendues par les inquisiteurs. Il semble qu’elles aient renforcé dans la société le rôle des intermédiaires, qui pouvaient entraver le travail des inquisiteurs. Elles offraient aussi le flanc le plus vulnérable aux attaques de ceux qui critiquaient les inquisiteurs et qui souhaitaient en même temps être perçus comme de bons catholiques.