19 janvier 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Philippe Baeriswyl, « Le savoir-faire métallurgique : témoin d’une dynamique sociale ? », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.78672
Des techniques de décoration à l’objet fini, on ne connaît, la plupart du temps, la métallurgie et l’orfèvrerie qu’au travers des artefacts découverts lors des fouilles archéologiques. Ainsi, les découvertes « métalliques » datant de l’époque mycénienne à Argos montrent un haut degré de technicité artisanale et témoignent d’une demande, émanant d’une élite sociale, « en objets de luxe », dont la provenance demeure néanmoins incertaine en l’absence d’atelier métallurgique mis au jour. La découverte, à Argos, d’un four à coupellation pour le raffinage de l’argent datant de la période submycénienne (SM) ou du début de la période protogéométrique (PG) présente de ce fait d’autant plus d’intérêt. En effet, elle montre que le raffinage de l’argent était effectué en Argolide au xie-xe siècle av. J.-C. – durant la période succédant à l’époque mycénienne et nommée à tort « Dark Ages » – et que le procédé de coupellation, qui est techniquement avancé, y était pratiquée. Ainsi, à l’inverse de l’époque mycénienne, il y a, à Argos au Submycénien, un atelier métallurgique, mais aucun de ses produits. Ce four témoigne dès lors de la pérennité d’un savoir-faire métallurgique sans toutefois pouvoir prouver une continuité dans la production artisanale du site. Ainsi, en sus des considérations techniques liées au four et au procédé de coupellation, nous nous pencherons sur le fait qu’un savoir-faire artisanal peut témoigner de la dynamique sociale et de l’évolution de l’établissement argien, à la transition entre l’âge du Bronze et celui du Fer, tant d’un point de vue local que régional.