The Movement for Secular Elementary Education in Great Britain in the XIXth Century

Résumé 0

Le mouvement anglais pour l’éducation primaire laïque se caractérise, avant 1870 et sur le plan national, d’une part par le fait qu’après que la Société centrale pour l’éducation, groupe de pression métropolitain et basé sur le Parlement, eut cessé de fonctionner vers la fin des années 1830, les bases du mouvement se trouvèrent presque entièrement dans les provinces, notamment dans les deux grandes villes industrielles de Manchester et Birmingham; d’autre part, par la lutte entre la nouvelle bourgeoisie industrielle, non-conformiste de confession, et les anciennes factions conservatrices, de religion anglicane. Ce dernier fait surtout causa bien des complications, dans la mesure où les non-conformistes (Congrégationnalistes, Baptistes, Unitariens, Quakers, Méthodistes) non seulement s’opposèrent à l’Église anglicane, mais furent aussi divisés entre eux au sujet de l’autorité de l’État dans le domaine de l’éducation populaire et quant à l’usage de la Bible dans les écoles. En tant que leaders de la politique libérale et radicale dans les provinces, ils manifestèrent aussi une méfiance extrême à l’égard du pouvoir du gouvernement central, s’opposant en général à toute expansion de son autorité. Les citadelles du pouvoir politique de ces bourgeois radicaux de la province étaient les villes industrielles dynamiques du Nord et du Centre de l’Angleterre. Tombant depuis peu sous la loi sur les corporations municipales (1835), leurs élites gouvernantes étaient jalouses de leur indépendance à l’égard du gouvernement central. Du reste, non seulement ces villes reflétèrent-elles les divisions déjà décrites entre les non-conformistes confessionnels, mais elles démontrèrent aussi la tension qui s’était développée pendant la Révolution industrielle entre les nouvelles forces sociales du radicalisme libéral et les anciennes classes conservatrices anglicanes. Ainsi les villes industrielles furent-elles dans une certaine mesure un microcosme du pays tout entier. Tous ces facteurs exercèrent une influence sur le résultat final de la loi Forster sur l’éducation élémentaire (1870), qui déçut en effet ceux qui avaient plaidé en faveur de l’éducation primaire laïque. Bien que facilitant pour la première fois en Angleterre, et au Pays de Galles, l’établissement d’écoles primaires de l’État, administrées par des conseils élus, cette loi permit aussi aux anciennes écoles confessionnelles, administrées par des associations privées, de se maintenir dans le système: d’où le nom de « dual System ». La loi Forster eut par conséquent moins d’effets que les lois Ferry. Elle jeta néanmoins, en Angleterre et au Pays de Galles, les fondements d’un système national d’éducation primaire qui fut englobé, en 1902, dans les structures municipales de l’administration locale, établies dès 1881. Il reste à dire que, en dehors de quelques agnostiques, les adhérents de l’éducation laïque en Angleterre furent des chrétiens appartenant pour la plupart au secteur non-conformiste, mais nullement des athées. Aussi le terme « laïque » renvoie-t-il à leur désir d’un système d’éducation nationale dirigée non par le pouvoir ecclésiastique (l’Église anglicane), mais par le pouvoir séculier (l’État). Ils luttèrent ainsi pour un système qui n’admît aucune forme d’enseignement religieux confessionnel dans les écoles de l’État, afin de pouvoir éduquer les élèves de toutes les confessions de ce pays pluraliste sans troubler leur conscience.