17 mai 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Alexandre Cerveux, « Chapitre 1. Relation du féminin à la musique d’après les sources juives médiévales méditerranéennes », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.83843
Au Moyen Âge, les autorités religieuses juives et musulmanes considèrent généralement les pratiques musicales féminine comme immodestes et licencieuses. Parce que Musique ou poésie, deux arts du domaine des affects, de l’imitation et de l’imagination, sont susceptibles de susciter le désir, elles suscitent nombre d’interdits, notamment si elles sont pratiquées par des femmes. On craint qu’elles ne détournent de l’étude et de la prière, considérées comme des impératifs masculins. Masculins également, à quelque exception près, sont les arts des cours califales, dont la poésie de tradition arabe ; celle-ci dépeint parfois la femme comme sujet ou objet de désir, esclave ou danseuse, chanteuse, musicienne dans les banquets, versant le vin, jouant le luth. Dans les espaces et les temps de prière ou au diwan des poètes, la voix et la pratique musicale féminines s’inscrivent avec peu de nuances entre méfiance et désir idéalisés, voire exacerbés. Ce chapitre s’intéressera à la relation du féminin à la musique au regard des sources juives médiévales méditerranéennes, dont les auteurs sont exclusivement des hommes.