17 mai 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Alexandre Robert, « Chapitre 8. Trouble dans la critique musicale », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.83893
En remportant le prix de Rome en 1913 avec la cantate Faust et Hélène, Lili Boulanger devient la première compositrice à enlever la prestigieuse distinction depuis l’ouverture du concours aux femmes en 1903. L’œuvre est jouée une première fois le 8 novembre 1913 lors de la séance annuelle de l’Institut, puis une seconde fois le 16 novembre suivant au théâtre du Châtelet lors d’une séance des Concerts Colonne. Comment cette cantate, qui présente la particularité d’être la première œuvre musicale composée par une femme à être consacrée par l’Académie des beaux-arts, est-elle perçue, jugée ou évaluée par un espace de la critique musicale française alors quasi exclusivement constitué d’hommes ? À partir de 23 textes de critique musicale consacrés à Faust et Hélène et parus juste après l’une ou l’autre des deux exécutions de l’œuvre, cet article montre que le prisme du genre structure en profondeur la plupart des discours critiques, qu’il s’agisse de commenter les propriétés de la personne et/ou de l’artiste qu’est Lili Boulanger ou d’analyser les caractéristiques de l’œuvre et du matériau musical.