17 mai 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Florence Launay, « Chapitre 12. « Femmes compositeurs », « compositeurs femmes », « compositeurs féminins » », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.83928
Les compositrices de musique ont suscité à partir des années 1840 l’intérêt de la presse musicale, alors en grande expansion, comme en témoignent nombre d’articles exposant la chronologie de leur apparition scénique et tentant de déterminer les spécificités d’une création musicale féminine (rappelons que des musiciennes ont investi de manière visible la sphère publique, dans un contexte de mixité, dès le xviie siècle, principalement comme interprètes, mais également comme créatrices, malgré de fortes résistances qui en ont limité le nombre). L’article fondateur est sans doute celui de Maurice Bourges, « Des femmes-compositeurs », paru en 1847 dans la Revue et gazette musicale de Paris, auquel répondra favorablement Adrien de La Fage, dans le même périodique, revendiquant de surcroît l’usage du mot « compositrice ». Il est probable que cet intérêt de la presse résulte de deux facteurs principaux : la visibilité grandissante de « l’affranchissement intellectuel de la femme » (pour reprendre les mots de Maurice Bourges) et le statut acquis par les compositrices Sophie Gail (célèbre au début du siècle pour ses romances, et reçue cinq fois au Théâtre de l’Opéra-Comique entre 1813 et 1818), Louise Bertin (reçue au Théâtre de l’Opéra en 1836), Loïsa Puget (autre compositrice de romances à l’immense succès, reçue au Théâtre de l’Opéra-Comique en 1836) et Louise Farrenc (chambriste et symphoniste, jouée en 1840 et 1849 par le prestigieux Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire). Des articles du même type suivront à intervalles réguliers jusqu’au début du xxe siècle, articles où se reflètent les attitudes positives, négatives ou ambivalentes des auteur-es face à la création musicale par les femmes.