Chapitre 9. « In un vago giardino » : Antonio Baietto et la peinture de closoirs en Frioul dans la première moitié du xve siècle

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En Frioul, la plupart des closoirs peints ont été réalisés pendant la première moitié du xve siècle. Ceux du palais Ricchieri à Pordenone sont parmi les corpus les plus importants ; y ont été mis en scène des récits inspirés des thématiques courtoises, parmi lesquelles la « capture de la biche blanche » et la fable ovidienne Pirame et Thisbé. Toutefois les épisodes représentés ne coïncident pas tous avec ceux transmis par les textes écrits, ce qui fait supposer l’existence de variantes locales ayant bénéficié d’un certain succès et qui ne nous sont pas parvenues. Sur les plafonds à scènes isolées des palais Vanni degli Onesti e Moises à Udine ou Bront à Cividale du Frioul et Moretti à Venzone, réalisés entre le second et le quatrième quart du xve siècle, on cherche à représenter un monde idéalisé, à travers l’exaltation du luxe et des habitudes cultivées et raffinées propres aux classes supérieures de la société. Ces plafonds ont été produits par un seul atelier qui a été identifié comme celui d’Antonio Baietto. Non seulement les traits des personages représentés sur les closoirs montrent une grande proximité avec quelques visages des fresques de la chapelle du Gonfalone (« bannière ») à la cathédrale de Venzone, réalisées par Antonio entre 1410 et 1420, mais on est frappé par la présence d’un instrument de musique insolite, une vielle dotée d’un important « cavigliere a falcetto » (cheville en forme de faucille) que l’on rencontre aussi sur un closoir du plafond Vanni degli Onesti. De plus l’activité de l’atelier d’Antonio Baietto est repérée là même où ces plafonds ont été peints et la succession de ses déplacements coïncide parfaitement avec celle, chronologique, des ensembles décorés, établie selon des considérations stylistiques.

In Friuli, most of the painted closures were made during the first half of the 15th century. Those of the Ricchieri Palace in Pordenone are among the most important in this corpus ; they contain stories inspired by courtly themes, including the “capture of the white deer” and the Ovidian fable Pirame and Thisbé. However, not all the episodes represented coincide with those transmitted by the written texts, which suggests the existence of local variants that have benefited from a certain success and that have not reached us. On the ceilings with isolated scenes of the Vanni degli Onesti e Moises palaces in Udine or Bront in Cividale del Friuli and Moretti in Venzone, built between the second and fourth quarters of the 15th century, the aim is to represent an idealized world, through the exaltation of luxury and culture and refined habits of the upper classes of society. These ceilings were produced by a single workshop that was identified as Antonio Baietto’s. Not only do the features of the characters depicted on the walls show a great closeness with some faces of the frescoes from the chapel of Gonfalone (« banner ») to the Cathedral of Venzone, made by Antonio between 1410 and 1420, but we are struck by the presence of an unusual musical instrument, an old one with an important “cavigliere a falcetto” that we also meet on a tablet of the Vanni degli Onesti ceiling. Moreover, the activity of Antonio Baietto’s studio has been traced to the same location of these ceilings, furthermore, the chronology of his travels perfectly coincides with the one of the decorated ceilings, which has been, established according to stylistic considerations.