« Ce dont on ne peut parler, faut-il le taire ? »

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30 mai 2022

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Renaud Faget, « « Ce dont on ne peut parler, faut-il le taire ? » », Publications de la Sorbonne, ID : 10.4000/books.psorbonne.91250


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Au xviiie siècle, le vocabulaire tactique se caractérise par son imprécision et par sa charge extrêmement violente. C’est un lexique imagé, un code professionnel qui renvoie à des réalités militaires précises, mais que le public peut entendre de façon beaucoup plus littérale pour produire un discours-bataille. C’est ainsi que les révolutionnaires de 1793, et particulièrement la « faction » des révolutionnaires « prononcés », s’emparant de la chose militaire, produisent une série de discours-bataille lourds de sens doctrinaux. Sensibles aux images du code tactique, ils insistent sur les dimensions violentes du « choc » et prônent un combat sans technique. Si les révolutionnaires les plus « prononcés » paraissent dupes du langage et s’enferment dans des approches strictement tactiques, ils expriment toutefois avec force l’exigence de l’efficacité. Ils inspirent de ce point de vue le gouvernement révolutionnaire qui parvient à dépasser le tropisme tactique par un travail sur le vocabulaire et ses attendus. La cohérence du nouveau système, forme discursive et principe d’action, est attestée par la sanction politique et judiciaire apportée aux récits de bataille inefficaces. À l’issue de ce travail doctrinal, qui engage la Convention nationale, le Comité de salut public, Carnot et les généraux eux-mêmes, les mots du combat et leur charge violente sont abstraits du contexte de la bataille pour désigner la manœuvre de campagne. C’est ainsi qu’émerge l’échelon opératif en tant que cadre de l’efficacité militaire. En retour, le commandement transforme le langage militaire en le dépouillant de ses significations les plus terre à terre. Ainsi « la destruction » de l’ennemi se comprend à une échelle supérieure de la guerre et non pas comme la finalité concrète des affrontements. La thèse récente relative à la matrice révolutionnaire de la guerre totale dérive de cette dissociation linguistique, source d’une confusion entre l’hyperbole lexicale et le signifié.

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