7 mars 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Françoise G. Bourrouilh-Le-Jan, « Les récifs coralliens », Presses Universitaires de Bordeaux, ID : 10.4000/books.pub.10334
Les récifs coralliens actuels sont d'excellents enregistreurs du fonctionnement de la biosphère et de l'évolution du milieu minéral en zone intertropicale. Localisés entre 0 et 60 m de profondeur, ils indiquent des eaux marines chaudes, bien oxygénées et claires. La modification de l'un de ces paramètres peut provoquer le phénomène de blanchiment. Leur localisation dans les premières dizaines de mètres de l’océan en font une zone de résonance et d’amplification des phénomènes météorologiques ou géophysiques qui se situent à cette interface (ouragans et tsunamis). Leur composition en genres et en espèces montre l’existence d’une province sanctuaire en Insulinde, exigeant de la part de l’homme moderne une politique d’information et de protection intensives. La dispersion des genres et espèces de la biocénose corallienne s’est effectuée à partir de cette zone sanctuaire, mais a été en partie freinée et restreinte lors de chaque glaciation mondiale, ainsi que par les variations qui ont affecté les grands courants océaniques circum-Pacifique lors des modifications paléogéographiques importantes, elles-mêmes sous le contrôle de la tectonique globale. Les études de géophysique ainsi que l’étude des îles hautes carbonatées intertropicales ont montré que la géomorphologie actuelle des récifs, et en particulier celle des atolls, est sous la dépendance étroite d’une histoire karstique liée aux émersions et donc aux glaciations. La diagenèse observée fréquemment dans les zones récifales, dont la dolomitisation et les phosphates, apparaît ainsi contrôlées par les émersions. A l’échelle d’une plaque géodynamique, les récifs fixés autour des îles volcaniques issues de points chauds mantelliques ont enregistré les variations de la trajectoire de cette plaque. La niche écologique des coraux actuels a été successivement occupée par tous les autres groupes d’invertébrés marins depuis 600 millions d’années. Leur localisation à la surface du globe permet alors de reconstituer continents et océans des mondes anciens et cette paléogéographie montre que les zones intertropicales ont varié en localisation et en importance à la surface du globe depuis l’aube des temps fossilifères. Malgré une apparente homogénéité à la surface du globe, les récifs coralliens actuels sont en fait extrêmement variés et témoignent d’un milieu de très haute compétitivité entre genres, et espèces animales et végétales. Leur maintien exige donc une surveillance attentive, mais aussi, dans la mesure du possible, une rentabilité intelligente et adaptée à ce milieu pour les populations locales afin d’en faire comprendre l’importance et leur permettre de vivre avec et par le récif de corail.