7 mars 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Violaine Anger, « Voir les mots prononcés grâce à la musique : deux approches », Presses Universitaires de Bordeaux, ID : 10.4000/books.pub.7188
Le rapport entre les mots, le son et le visible peut être interrogé à partir de l’opéra, où l’ensemble est noué dans un personnage parlant (ou chantant). Dans La Force du destin et Tristan et Isolde, Giuseppe Verdi et Richard Wagner déploient un imaginaire de la musique, de la parole, de la vue, totalement différent, alors que les intrigues sont, au fond, assez comparables. Ce sont alors deux anthropologies qui s’opposent, auxquelles on peut raccorder logiquement deux esthétiques et deux partis pris dans le rapport à la scène. On peut le détecter en comparant la façon dont chaque compositeur met en musique les mots : sterben, mourir, pour Wagner, pieta, pitié, pour Verdi. L’un s’intéresse à une idée abstraite qu’il demande à la musique de construire, utilisant la non référentialité des sons et la technique du leitmotiv ; l’autre cherche à montrer comment un mot ne prend sens que dans l’instant où il est prononcé, et dans l’affect qui le colore. Ce sont alors deux conceptions de la voix, du corps et du visible que l’on peut mettre en regard.