16 juin 2023
info:eu-repo/semantics/openAccess , https://www.openedition.org/12554
François Albera, « Morin : retournements », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.16075
Edgar Morin a abordé le cinéma au sein du laboratoire de sociologie de Georges Friedmann (CNRS) associé à l’Institut de filmologie : représentations sociales, effets sociaux du cinéma, études des publics d’après Siegfried Kracauer et les Payne Fund Studies. Puis dans le cadre d’une anthropologie du cinéma fondée sur l’expérience filmique. Au croisement des deux, il y a la critique de cinéma à partir d’une double dénégation d’expertise : « Je ne suis ni critique, ni sociologue ». En réalité il est les deux. Le cinéma ethnologique amène un deuxième renversement avec le cinéma-vérité permettant la rencontre avec l’autre non plus imaginaire mais réel. Puis renversement dans le renversement, avec Jean Rouch il découvre que le cinéma est un révélateur : les appareils intimident et incitent à la fois, créant une vérité qui transgresse le masque social. En retournant au manifeste « Pour un nouveau “cinéma-vérité” » que publie Morin à la veille du tournage de Chronique d’un été, on examine ici ce renversement « vertovien » de Morin en le confrontant aux écrits du cinéaste soviétique.