26 janvier 2024
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Stéphanie Traver, « La théorie en acte : les préfaces in texte des Diaboliques », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.23773
Quelques analyses de détail des préfaces intégrées aux Diaboliques (« Le dessous de cartes d’une partie de whist » et « La vengeance d’une femme »), visant à dégager la théorie poétique aurevillienne, telle qu’elle s’expose au plus près de la parole romanesque, dans l’espace restreint du recueil de nouvelles. Les catégories esthétiques se faisant jour s’organisent en un véritable art poétique, parfaitement cohérent, valorisant une esthétique essentiellement impressive, génératrice du maximum d’affects : le roman-potin, version moderne du roman à clés, convie le lecteur aux plaisirs pathémiques aigus ordinairement tirés du potin quotidien ; le récit romantique, conditionné par le subjectivisme et la sentimentalisation de la narration, le contaminera des passions qu’il joue pour lui ; le roman érotique satanique intègrera l’histoire, éternisée par la rêverie coupable qu’elle ne manquera pas de provoquer, à sa psyché profonde.Mais il faut également mettre en lumière ce phénomène encore mal décrit caractérisant la stratégie scripturale aurevillienne et du même coup sa conception de l’art littéraire : la valorisation d’une esthétique est toujours chez lui corrélative de son application pragmatique sur le lecteur ; la théorie est alors « en acte », agissant, au moyen de procédés argumentatifs et figuratifs qui doivent être dûment analysés et commentés, au moment même où elle ne prétend que s’exposer. Le lecteur se trouve par conséquent, tandis qu’il pense ne lire qu’un commentaire métadiscursif s’adressant à son sens critique, sous influence.