Oubliés et inconnus du XVIIe siècle jugés par Barbey d’Aurevilly

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Cette étude porte essentiellement sur l’œuvre critique de Barbey (Les Œuvres et les Hommes). Elle s’attache d’abord à évaluer la connaissance qu’a ce dernier de la littérature du XVIIe siècle (une bonne culture mais pas une curiosité d’antiquaire pour le Grand Siècle) et rappelle quelle représentation il a du Grand Siècle : « En religion, nous tenons pour l’Église ; en politique, pour la monarchie ; en littérature pour la grande tradition du siècle de Louis XIV. Unité et autorité ». Mais cette représentation est modifiée par la publication, au XIXe siècle, de nombreux minores sur lesquels Barbey porte, globalement, un jugement sévère.L’intérêt politique d’un ouvrage et surtout son style sont, pour lui, des critères de publication prépondérants. Or en ce siècle « plus social qu’individuel », rares sont les auteurs qui, comme Madame de Sévigné ou Saint-Simon, ont un style particulier. Mais c’est surtout la galanterie, dont la critique littéraire moderne a montré l’importance capitale pour comprendre l’esthétique du Grand Siècle, que dénonce, avec violence, Barbey, comme il fustige les précieuses, « ces embaumeuses de poètes ». L’art de la conversation polie n’est pas non plus du goût du critique : il n’y a pas en effet de place « sous la grande loi de la politesse », pour les violences polémiques qu’il affectionne.Autant de critiques qui entrent en contradiction avec le principe posé par Barbey qu’une grande politique de réédition des auteurs oubliés est souhaitable. C’est que la représentation du Grand Siècle est un enjeu politique d’importance au moment où Barbey écrit. C’est aussi que, selon lui, le « cousinisme littéraire », ainsi qualifie-t-il l’intérêt pour les figures littéraires de second plan, ne mérite que mépris.

This article is mostly concerned with Barbey’s critical work (Les Œuvres et les Hommes). It first aims at assessing Barbey’s knowledge of the seventeenth-century literature (a good knowledge but not the curiosity of an antique dealer for the Grand Siècle) and recalls the representation he had of the Grand Siècle: “In religion, we stand for the Church, in politics, for the monarchy, in literature for the great tradition of Louis XIV’s century. Unity and authority”. But such a representation was qualified by the nineteenth-century publication of many minores of which Barbey was globally highly critical.According to him, the political interest of a work and above all its style are the main criteria for its publication. Now, in a century which was more social than individual, only a few authors such as Madame de Sévigné or Saint-Simon had a specific style. But Barbey violently denounces more particularly the gallantry of which the modern literary critique has shown the capital importance to understand the aesthetics of the Grand Siècle as he condemns the précieuses, “these poet embalmers”. The art of polite conversation is not to the writer’s taste; “with the great law of politeness” there is no room for the polemical violence he enjoys.Such criticism is in contradiction with the principle defended by Barbey that an important policy of reediting the forgotten writers should be advocated. The representation of the Grand Siècle is a political stake at the time Barbey writes and according to him the literary figures of secondary importance—the “literary cousinism” as he calls them— deserves scorn only.

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