26 janvier 2024
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Marie-Gabrielle Lallemand, « Oubliés et inconnus du XVIIe siècle jugés par Barbey d’Aurevilly », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.23783
Cette étude porte essentiellement sur l’œuvre critique de Barbey (Les Œuvres et les Hommes). Elle s’attache d’abord à évaluer la connaissance qu’a ce dernier de la littérature du XVIIe siècle (une bonne culture mais pas une curiosité d’antiquaire pour le Grand Siècle) et rappelle quelle représentation il a du Grand Siècle : « En religion, nous tenons pour l’Église ; en politique, pour la monarchie ; en littérature pour la grande tradition du siècle de Louis XIV. Unité et autorité ». Mais cette représentation est modifiée par la publication, au XIXe siècle, de nombreux minores sur lesquels Barbey porte, globalement, un jugement sévère.L’intérêt politique d’un ouvrage et surtout son style sont, pour lui, des critères de publication prépondérants. Or en ce siècle « plus social qu’individuel », rares sont les auteurs qui, comme Madame de Sévigné ou Saint-Simon, ont un style particulier. Mais c’est surtout la galanterie, dont la critique littéraire moderne a montré l’importance capitale pour comprendre l’esthétique du Grand Siècle, que dénonce, avec violence, Barbey, comme il fustige les précieuses, « ces embaumeuses de poètes ». L’art de la conversation polie n’est pas non plus du goût du critique : il n’y a pas en effet de place « sous la grande loi de la politesse », pour les violences polémiques qu’il affectionne.Autant de critiques qui entrent en contradiction avec le principe posé par Barbey qu’une grande politique de réédition des auteurs oubliés est souhaitable. C’est que la représentation du Grand Siècle est un enjeu politique d’importance au moment où Barbey écrit. C’est aussi que, selon lui, le « cousinisme littéraire », ainsi qualifie-t-il l’intérêt pour les figures littéraires de second plan, ne mérite que mépris.