26 janvier 2024
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Anne-Marie Monluçon, « Myrrha et Adonis : d’Ovide à Ted Hughes », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.27421
Dans Tales from Ovid, paru en 1997, où il reprend vingt-quatre légendes tirées des Métamorphoses d’Ovide, Ted Hughes a démantelé et reconfiguré la trilogie familiale du livre X, formée par les légendes de Pygmalion, Myrrha et Adonis. Il a fait de « Myrrha » et de « Vénus et Adonis (et Atalante) » le diptyque central de son livre, suivi de Pygmalion.Si les deux poèmes centraux sont lus à l’unité, il en ressort que Ted Hughes s’écarte des principes de traduction qu’il esquissait en 1965, dans la revue Modern Poetry in Translation. Bien qu’il respecte le canevas narratif, la poétique et le sens du texte antique, il prend des libertés qui font de son texte une traduction proche de l’adaptation, voire un métatexte : l’excipit de la légende de Myrrha devient l’incipit de celle d’Adonis, le découpage strophique souligne pédagogiquement la structure du récit, et certaines suppressions visent non seulement à moderniser, mais aussi à éliminer les chevilles métriques latines. Enfin, la poétique hughésienne affleure par endroits.Mais si l’on interroge les effets de composition à l’échelle du livre, les mêmes textes constituent plutôt une réécriture, dans le cadre d’une œuvre conçue comme un recueil poétique et non comme une anthologie de traductions. Trois thèmes y sont sur-représentés : le suicide féminin, la relation père-fille et la figure de la femme artiste. Leur traitement constitue une méditation du poète sur certains aspects de sa biographie. Un autre motif unifie et le diptyque et le recueil : celui de l’écoute, central dans la poétique hughésienne, mais aussi hérité de Shakespeare, qui nous a laissé, lui aussi, un mémorable « Vénus et Adonis ».