26 janvier 2024
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Valérie Garcia-Castro, « Medea de Vauthier : Sénèque après Artaud », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.27451
En mars 1967, Jean Vauthier présente son adaptation de la Medea de Sénèque dans une mise en scène de l’argentin Jorge Lavelli où domine une atmosphère de primitivisme et d’incantation qui n’est pas sans rappeler certains préceptes d’Antonin Artaud.Fasciné par les personnages à la démesure superbe, Vauthier se fonde sur une traduction juxtalinéaire pour composer une œuvre qui s’éloigne de la rhétorique sénéquienne au profit d’un lyrisme parvenant à renouer avec la puissance dramatique du théâtre romain. Dans ce contexte, nous aimerions revenir sur les modalités de cette transposition en étudiant les enjeux concomitants de l’esthétique du monstrueux et de l’écriture scénique proposées par Vauthier. Commun à ces deux aspects de la théâtralité vauthiérienne, le mode de l’amplification éclaire le rapport de l’adaptateur au texte source, et met au jour dans l’écriture de Medea des points de convergence avec les théories artaudiennes. Par le biais d’un texte saisissant, Jean Vauthier allie fidélité et renouvellement du texte de Sénèque. Tournée vers un réinvestissement du raptus, la Medea de 1967 constitue une forme de retour aux sources du théâtre et une régénération de la force tragique sénéquienne.