26 mars 2024
info:eu-repo/semantics/openAccess , https://www.openedition.org/12554
Lucile Trân-Duc, « Une entreprise mémorielle dans l’abbaye de Fontenelle au XIe siècle », Presses universitaires de Caen, ID : 10.4000/books.puc.30647
Le monastère de Fontenelle, restauré par des moines originaires de Saint-Pierre de Gand, même s’il est moins connu que d’autres, devient à partir du XIe siècle l’un des foyers de production historiographique de la principauté normande. Y officie entre autres le moine Guillaume. Celui-ci, loin de développer le mythe de la table rase comme ce peut être le cas à Fécamp, s’attache au contraire à tracer un trait d’union entre l’abbaye pré-normande et son établissement. On lui doit la composition d’un sacramentaire destiné à servir les besoins du culte ainsi que la collecte de textes en circulation concernant le passé de Fontenelle : Gesta abbatum Fontanellensium, récits hagiographiques… Ceux-ci forment la première partie du Maius Chronicon Fontanellense, actuellement conservé à la bibliothèque municipale du Havre. Ce manuscrit constitue l’une des principales sources pour aborder le passé pré-normand de Fontenelle. Néanmoins, il importe de ne pas oublier que le moine Guillaume, tant dans son sacramentaire que dans son entreprise de copie, procède à un tri. C’est précisément sur ce processus mémoriel que l’on compte s’interroger. Sur quels fondements s’effectue la distinction entre ce qui est digne de mémoire et ce qu’il convient, ce qu’il est possible d’oublier aux yeux du moine Guillaume ? Quelle histoire tente-t-il d’écrire pour son monastère ?En quoi façonne-t-il un passé correspondant à la fois aux défis qu’a à relever la communauté restaurée de Fontenelle et aux structures mentales, sociales du XIe siècle ?