3 janvier 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Sarah Carvallo, « Introduction générale », Presses universitaires de Franche-Comté, ID : 10.4000/books.pufc.40170
Dans le contexte de la démocratie, la signification de la fin de vie fait l’objet de discussions irréductibles, au sens où elle ne peut trouver de définition simple ni définitive, mais appelle un débat autour des conditions concrètes d’existence et de soin, que fabriquent la médecine et le droit contemporains. Comment faire cohabiter des techniques d’allongement du vieillissement, des pratiques de réanimation invasives, le critère de la mort cérébrale, le besoin d’organes à prélever pour les greffer, la loi, la déontologie médicale qui, en France, interdisent au médecin de tuer, la pluralité des attentes des citoyens, le risque d’une absurdité de la mort, les possibilités d’euthanasie ou de suicide assisté dans des pays voisins ? Est-ce que la dépénalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté aiderait à mieux accompagner les patients en fin de vie, ou est-ce qu’au contraire, elle ouvrirait le risque de l’absurde en entrant en conflit et en contradiction avec les principes de la médecine et de la démocratie ? La fin de vie pose une question de civilisation, qui déborde largement les seules situations de fin de vie et embarque le sens global de la médecine et du soin, en tant qu’ils incarnent un projet de modernité thérapeutique et qu’ils structurent fortement les relations entre l’individu et la société.