28 juillet 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Émilie Mendonça, « L’historien et le censeur », Presses universitaires François-Rabelais, ID : 10.4000/books.pufr.31192
Dans cet article, nous nous penchons sur le cas du long gouvernement de Manuel Estrada Cabrera (1898-1920) à la tête du Guatemala. « El Señor Presidente » (« Monsieur le Président ») dépeint par Miguel Ángel Asturias est resté dans l’histoire pour avoir été le premier dictateur moderne du xx e siècle dans cette petite république d’Amérique centrale. Mais nous laisserons de côté les pratiques de la censure mises en place par l’autocrate pour nous intéresser aux pratiques historiographiques concernant son quasi « règne » : malgré les changements économiques et politiques qu’a signifié cette présidence qui compte parmi les plus longues de l’histoire du Guatemala, l’historiographie a en effet négligé – consciemment ou non – l’analyse de ces vingt-deux années. L’historien serait-il lui aussi censeur ? Après un bref rappel de l’histoire guatémaltèque qui permet de mieux comprendre la place qu’y occupe Estrada Cabrera, nous proposons donc l’analyse du cas de l’histoire de l’éducation traitée par Carlos González Orellana dans Historia de la Educación en Guatemala (Histoire de l’éducation au Guatemala). Cet ouvrage de référence apparaît en effet selon nous comme l’exemple même du traitement réservé au dictateur par l’historiographie libérale guatémaltèque, objet des réflexions menées dans cette étude.