La censura en el cine español del franquismo

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Los jueves, milagro (1957) aurait pu être un des meilleurs films du cinéaste espagnol Luis García Berlanga, auteur de trois chefs d’œuvre incontestables : Bienvenido Mister Marshall (1952), Plácido (1961) et El verdugo (1963), mais ce ne fut pas le cas à cause de la censure cinématographique qui existait dans l’Espagne franquiste des années 1950. La première moitié du film est un prodige de rythme, d’humour, de critique sociale, de dérision, de moquerie envers la religion et de dissection de la médiocrité qui régnait alors dans la société rurale espagnole de cette décennie. La seconde moitié du film est tout le contraire : condescendante, molle, fausse, dérisoire. On doit cette sottise à la Junta de Censura qui, au lieu de mutiler et de couper la pellicule de la géniale œuvre de Berlanga, a préféré ajouter du texte au scénario. Le curé dominicain Antonio Garau fut le censeur ecclésiastique chargé du film de Berlanga. Le réalisateur valencien a même voulu, sur le ton de la plaisanterie, ajouter l’homme d’église au générique en tant que coscénariste. Par-dessus le marché, mécontent de la version finale du film, le censeur embaucha un autre réalisateur, Jordi Grau, pour qu’il filme quelques séquences supplémentaires qui modifiaient totalement la signification de l’œuvre. Dans cet article, nous tenterons d’analyser les clés de cette malheureuse intervention de la censure ecclésiastique sur le film de Berlanga, ainsi que l’inscription du film dans le contexte plus général du cinéma des années 1950 en Espagne, et plus largement dans cette vaste période de l’histoire de l’Espagne du xxe siècle que fut le franquisme.